Semaine du 26 Novembre au 2 décembre

Cette semaine Hortense est en France, elle y restera encore 2 semaines. Comme les prix des billets d'avions ont beaucoup augmenté, je ne la rejoindrai pas, comme cela était prévu initialement. Donc me voilà célibataire pour quelques temps, je suis surpris de voir que le bazar n'a pas envahi tant que cela la maison, cela doit être lié au fait que nous avons plus de place qu'en France, ou peut être qu'Hortense a réussi à commencer à me dresser. 

Le Ras de marée Noël

L'imaginaire des enfants ne chôme pendant la fin de l'année, dès que l'on a finit avec Halloween on embarque immédiatement dans la préparation de Noël. 

Les décorations d'Halloween pourrissent pendant quelques semaines à l'image de cette flétrie. Le top départ des décorations de Noël est donné aux alentours du 25 Novembre, à ce moment tout le paysage urbain commence à se muer. Rue Sainte Catherine, une des grandes rues commerciales de Montréal, les entrepreneurs de tout poil s'activent sur toutes les devantures, voilà le plus gros de Noël que je n'ai jamais vu de ma vie en train de ce faire livrer.  Les québécois qui vivent Noël en France doivent trouver cela très terne, parce qu'ici les décorations de Noël débordent de partout; dans les zones pavillonnaires, une maison sur trois est décorée à force de lumières électriques, on voit dans certains jardins des crèches grands modèles 100% en plastique, des centaines de pères Noël sont accrochés aux fenêtres. C'est le soir le plus impressionnant,  quand tout s'. On voit quelques boutiques qui ne vendent que des articles sur Noël, nous étions surpris d'en découvrir une en plein de Juillet !  Si pour vous la quantité prime sur la qualité,  Dollarama peut vous fournir en quantité d'articles décoratifs en plastique, kitchs à souhait, tout est à 1 dollar.

Sacré poulets

On s'est laissé surprendre à deux reprises par des poulets. Le premier avait été cuit par Hortense, et au moment de le découper, j'ai senti une odeur de plastique fondu! Je me suis dit: "Non, ce n'est pas possible, ce poulet n'est pas en plastique !" C'est en découpant le poulet que j'ai compris la cause du sinistre, en fait les abats avaient été placés dans un sachet en plastique qui avait été placé à l'intérieur de la bête.

Le second poulet farceur était énorme, d'une taille jamais vue. Cette fois ci je prends le soin d'enlever les abats plastifiés. La  surprise vient à la découpe; je n'avais jamais autant eu de difficulté à découper un poulet, les articulations ne veulent pas céder. A la mastication, ce poulet est du pur béton !  Je retrouve l'emballage et en effet on y lit que c'est ce que l'on appelle ici un poulet mature; je me suis fait avoir, j'ai du acheter un vieille poule pondeuse très stressée.

Première Neige

Elle est arrivée, la première neige! Il y a eu quelques signes précurseurs.

Mercredi en sortant de chez moi le matin je sens sous mes pieds des petites plaques de givre. En sortant le soir on voit sur les voitures une fine pellicule de glace. On me prévient que la neige est annoncée pour le lendemain , ça y est l'hivers arrive ! Le vent des Montagnes a gagné Montréal !

En effet le lendemain tiens ses promesses au réveil, le neigeux s'est déposé sur trois centimètres et cela continue de tomber, voilà la depuis la chambre. C'est magnifique, en sortant de chez moi je vois mon journal, les couverts de neige, j'avance doucement et j'entend mes pas qui crissent, c'est tout simplement jouissif;  je croise des qui exultent, il sautent, se lancent des boules de neige, au grand dam des grandes personnes qui tentent de les encadrer. Il n'y a que les qui font conseil et qui n'ont pas l'air heureux. Je vois les premiers . Les chasse-neige sont déjà à pied d'œuvre, il y a des étroits comme je n'en ai jamais vu qui ne travaillent que sur les trottoirs. Les automobiliste retrouvent leurs habitudes de déblayage de pare brise avec une certaine joie, il y en a qui déblayent le minimum de parties vitrées pour ne pas conduire dangereusement, alors que d'autres ne laissent aucune surface non nettoyée. Voilà la vue des enneigés depuis mon poste de travail.

En sortant pour le déjeuner c'est une tout autre affaire, la température est montée et  de grosses gouttes d'eaux tombent du ciel, la neige par terre s'est transformée en soupe. Ici on parle de "slotche", cela correspond au bruit très laid qui se produit à chaque fois que l'on marche dedans; mon ami Ghislain qui marche à mes côtés m'explique les stratégies pour marcher dans la slotche : "Pose tes pieds bien à plat" , "éloigne toi du bord du trottoir car tu risques de recevoir les gerbes de slotche envoyée par les voitures", "ne marche pas dans la sloche du caniveau, elle est profonde et gorgée d'eau". Le soir la belle neige n'est qu'un souvenir, on ne voit des énormes grumeaux gris formés par les chasse-neiges qui se morfondent dans les caniveaux, c'est la débacle, la . Pendant deux jours cette slotche n'en finit pas de fondre, cela donne un taux d'humidité assez important. On la voit d'abord disparaître des rues, puis des trottoirs et enfin des jardins. Au bout du troisième jour la maudite slotche n'est qu'un souvenir, et les trottoirs sont secs, seuls quelques tas de neige nous rappellent l'évènement de la semaine.

Nico et le Canada

Nous avons sympathisé avec Nicolas à l'occasion de notre dernière expédition à Boston. Nicolas, un infirmier français, s'est piqué d'aller vivre au Canada après avoir vu un stand qui vendait la possibilité d'immigration dans un salon professionnel en France.

Nicolas est resté 14 mois, il s'en retourne en France ce dimanche. Samedi il vient chez nous avec son vélo que personne ne veut lui reprendre. Nous allons sur la rue Ontario Est sur laquelle se trouvent beaucoup de prêteurs sur gages,  boutiques d'achat et revente de matériaux en tout genres. Nous n'avons aucun succès avec le vélo: pas assez beau, ce n'est pas la saison , il nous faut un certificat de la police...  En désespoir de cause je l'achète pour une somme modique et je l'accroche au balcon, on trouvera bien preneur en mai !

Nicolas reste pour prendre le repas et il n'est pas très gai; normal, c'est pas vraiment drôle de s'en aller. En fait la première raison de son départ c'est le manque d'amis; son projet de retour est né  à cause d'un séjour de deux semaines en France pendant lequel il a été très chaleureusement reçu par sa famille et ses amis, retour au Canada le sentiment d'isolement a été ressenti de façon beaucoup plus vive. Il y a aussi un ensemble de choses qui ne lui ont pas rendu la vie facile,  il n'a du tout été aidé dans ses démarches d'établissement, à  l'hôpital on ne lui a donné que les tranches horaires impossibles : 15h 23h; il habite dans un studio en banlieue de Montréal (Longueuil) à partir duquel il doit prendre un bus pour aller faire ses courses (en fait les banlieues ne sont pas conçues pour les gens qui n'ont pas de voiture). Quand ses collègues de travail lui disent: "alors tu nous quittes, tu n'aimes donc pas les québécois ? "  Nicolas a une pensée à part lui, une critique qui pointe:" les québécois, c'est difficile de s'en faire des amis." Nous avons parlé de la grande variété des destins des immigrés français et des milles perceptions différentes de la même expérience; nous sommes tombés d'accord sur le fait que de l'extérieur on se fait une mauvaise idée de la vie au Canada, en croyant à l'Eldorado ou à une sorte de facilité qui n'est pas au rendez vous. Voilà sans doute pourquoi 50% des immigrants français reviennent au bout d'un an. Néanmoins Nicolas affirme que le côté positif de cette expérience, en dehors de la connaissance acquise de la vie Nord américaine, c'est d'avoir connu la réalité de vivre en tant qu'étranger.