Le 30 Mars 2002 - naissance de Justine

Voilà le jour de la délivrance, notre enfant s'est décidé de sortir du ventre de sa mère et cela est n'en a pas terminé de secouer nos habitudes.

Derniers jours avant la sortie

La semaine qui a précédé la sortie de Justine, Hortense a été mise à l'épreuve, son ventre s'est développé outre mesure, et la Justine s'est mise à pousser tant et plus, Hortense a tout simplement l'impression d'exploser. Justine donne des coups dans les côtes d'Hortense qui ne sait plus trop comment la calmer. Mercredi 27 Hortense a fait un séjour à la clinique et le médecin lui a dit : "ce serait bien de tenir jusqu'à mardi prochain", il ajoute "si vous perdez des liquides , de l'eau ou du sang, il vous faut venir immédiatement à la clinique". Hortense récupère assez mal de cet allez retour à la clinique et elle se sent de plus en plus limitée dans ses mouvements. 

Alerte générale

Au matin du 30 Mars Hortense se réveille sur le coup des 6 heures du matin et elle se sent tiraillée de partout, elle s'en va aux toilettes et elle découvre qu'elle perd un peu de sang; elle sonne alors l'alerte auprès de ses parents qui appellent immédiatement la clinique. On leur demande de venir sur les 9 heures pour la préparation à l'accouchement . Prévenu, j'arrive à la clinique vers 9 heures 30 et je vois Hortense dans un salle d'accouchement qui souffre pas mal: "cela me tire de partout, dit elle", j'ai mal au dos , c'est à ce moment là qu'elle se voit changée de salle d'accouchement et elle commence a avoir des convulsions dans les jambes. 

Persona Non Grata

Rien à faire, je souhaite assister à l'accouchement mais rien n'est fait pour que le père puisse voir la sortie de l'enfant. Manifestement le père gène , on peut même dire qu'il gène beaucoup puisque la pièce est exiguë, qu'il n'y a aucune place pour s'asseoir et que plusieurs personnes s'affairent autour du lit; ou que vous soyez vous sentez que vous êtes la personne en trop et que ou que vous soyez vous êtes certainement un gêneur. Je vais juste apporter la photocopie d'un papier concernant la prise en charge du séjour d'Hortense à la clinique. Et voilà qu'à mon retour une grosse sage femme noire me barre la porte en me disant: vous voulez voir la péridurale ? Je n'ai pas le temps de répondre et elle enchaîne "vous ne verrez pas la péridurale !" , je reste alors comme un imbécile derrière la porte qui se ferme. Quelques minutes après j'ai la chance de voir Hortense une dernière fois avant la sortie de l'enfant. C'est alors qu'arrive en trombe l'accoucheur qui m'annonce qu'il a fait du 250 km/heure pour arriver ici à temps. Il jette un coup d'œil sur la courbe qui montre le rythme cardiaque de l'enfant et il annonce en 10 secondes : "il a un problème de rythme, on va faire une césarienne", à ce moment il se retourne vers moi il me dit : "vous le père, allez prendre un café !". 

30 longues minutes

Je me retrouve dans la salle d'attente, je tente de faire abstraction de la grande angoisse qui monte en moi en tentant de lire un livre et voilà que le médecin anesthésiste entre dans la salle d'attente en lançant à la cantonade : "Nous avons une césarienne urgente à faire, nous allons décaler tous les rendez vous de 45 minutes !'  Je bondis de ma chaise, pétrifié ! Je tords mon livre dans tous les sens en je rumine les scénarios les plus optimistes: la fille ne va pas survivre, la mère ne va pas survivre... Je me repasse le film de "l'adieu aux armes" de Heminway, ou la mère et l'enfant ne survivent pas à l'accouchement. Je regarde ma montre sans arrêt, au bout de 40 minutes je m'en retourne vers la salle d'accouchement, je m'avance, elle est vide, je me suis trompé de salle.

Le vers coupé

Je vois alors derrière une porte vitrée l'accoucheur qui me fait signe que cela c'est correctement passé, je suis libéré ! c'est alors que je vois les premiers soins prodigués à la petite Justine, on lui termine sa toilette et on l'habille , elle n'a pas l'air contente du tout, elle est rouge écarlate, tout son petit corps est uniforme,  elle est de la couleur d'un vers de terre et elle hurle sa douleur. On la tend pour que je la prenne et que je l'embrasse mais je suis effrayé, cela ressemble à un extraterrestre et je me sens complètement incapable la tenir dans mes bras. Quelques minutes après nous sommes avec Hortense et l'enfant dans une chambre, c'est le bonheur total. Le bébé se calme et elle prend pour la première fois du lait au sein d'Hortense.

Le plus grande merveille du monde

Nous sommes complètement objectifs par rapports aux qualités de notre Justine, une succession de sages femmes, puéricultrices, infirmières se succèdent afin de faire différents contrôles et à chaque fois nous avons droits aux mêmes compliments: "Qu'elle est belle ! Comme elle gentille ! Comment s'appelle t'elle ? Justine ! Oh comme c'est romantique ! Il n'en faut pas moins pour que nous soyons convaincus que Justine est le plus beau nourrisson de la clinique, de la région .... du monde.