La saga de l'hiver
On nous a tellement parlé, et puis nous avons raté notre premier hiver;
et puis on nous a dit que l'hiver dernier n'avait pas tenu ses promesses, et
puis les météorologues nous ont annoncé que le courant "El Ninio"
allait nous réchauffer l'atmosphère cette année. Donc la question de
l'année est : Est ce que nous allons enfin en avoir pour notre
argent?
Les canadiens et l'hivers
En 1535 Christophe Colomb et sa première bande de collons ont
expérimenté le premier hiver des européens au Canada; et bien cela n'a
pas été une réussite, ils sont tous tombés malade, sur 110 personnes, 25
personnes sont mortes, et ils sont rentrés en France.
Pendant des décennies les premières tentatives d'implantation se sont
soldées par des échecs, il fallut l'obstination de quelques durs à cuire
pour vraiment prendre racine sur ces terres inhospitalières et oser
affronter les hivers.
Les canadiens sont donc ceux qui résistent aux grands froids, il y a une
fierté à pouvoir passer l'hiver. Beaucoup de québécois se
lamentent du réchauffement de la planète et on nous dit souvent:
"depuis 5 ans les hivers ne sont plus ce qu'ils étaient", avec un
air désappointé . Un hiver trop chaud, c'est un partie du patrimoine du
Québec qui s'en va. Le chanteur Gilles Vignault a fait cette superbe
chanson "Mon pays c'est l'hiver"
Mon jardin ce n'est pas un jardin, c'est la plaine .
Mon chemin ce n'est pas un chemin, c'est la neige .
Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver.
....
Acte I, le verglas
On assiste à des transformations continuelles du manteau neigeux;
c'est un mouvement perpétuel d'entassement, piétinement, refonte
partielle, glaçage, refonte...
Il tombe de la neige pendant la nuit, les chasse-neige déposent du sel
et concentrent la neige sur le bord des voies. La neige salie et mélangée
au sel se liquéfie partiellement , on y lit les traces de pneus et de pas.
La nuit suivante un grand coup de froid; le bord des chaussées est comme
figé de l'état de la veille, les empruntes sur la neige à moitié fondue
se figent en sculptures de glace, deux jours après seuls de gros tas de neige
subsistent, ceux ci n'en finissent pas de fondre et de donner naissance à de
larges plaques de verglas.
Le 31 décembre nous avons vécu des pluies verglaçantes, ceci se
produit quand de fortes différences de température co-existent dans les
couches atmosphériques. Le résultat est une vrai catastrophe pour la
circulation des voitures et des piétons. Une pellicule de verglas recouvre
toute surface extérieure. En centre ville les rues sont assez rapidement
dégagées mais les trottoirs sont très dangereux. Hortense, qui fait le
trajet à pied pour se rendre à son atelier de gravure, a mis deux fois plus
de temps que d'habitude et elle a vu une dizaine de personnes se casser la
figure.
Deux jours après nous avons eu de la pluie et et un fort redoux suivi
d'une forte descente des températures. Il en résulté des jardins couverts
de glace, nous nous sommes dirigés vers le parc Lafontaine, celui
ci était devenu un glacier, complètement impraticable sans
équipement d'alpiniste.
Acte II, la froidure
Ca y est, nous avons depuis 10 jours on reste en permanence en dessous
des -10° C, même les québécois se plaignent du froid, c'est pour dire!
La neige est enfin stabilisée, il n'y a plus de plaques de verglas. Nous nous sommes
achetés des habits prévus pour tenir le coup, fabriqués au Québec ;
Hortense a acheté des bottines qui lui permettent de tenir jusqu'à -60° C
et Frédéric a acheté un manteau qui est prévu pour aller jusqu'à -40°
C. Nous évitons de sortir Justine. C'est la fermeture centralisée des
portes de notre
voiture qui n'a pas tenu. Nous nous sommes sans doute habitués au
froid, quand Alexandre, le frère de Frédéric, est venu avec son raglan de
parisien, il avait froid alors que pour nous la température était toute
normale. Aujourd'hui nous avons un réchauffement (-8° C), et tout d'un coup
nous avons la sensation d'être en Floride!
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