24 mars 2003-1° juin 2O03

Voyage d' Hortense et de Justine

Hortense et Justine sont allées en France 4 semaines , Justine s'est très bien comportée et elle a fait la joie de ses quatre grands  parents.

La photo montre Axel, Hortense la petite, Hortense la grande et Justine.

Au retour de mes femmes, j'ai été vexé de constater que Justine, à son arrivée à l'aéroport, ne me prêtait pas plus attention à qu'aux autres 2000 personnes qui s'affairaient autour de nous.

Elle a fait beaucoup de progrès pendant ce voyage, en ce qui concerne le langage non verbal, elle agite sa main comme un salut,  elle frappe des mains, elle montre du doigt , elle est capable d'imiter ce que vous faites.

En ce qui concerne le langage parlé pas de grands progrès, sa litanie favorite est passée du dadadada au mamamama, elle ne se montre pas coopérative avec moi, ayant passé une heure à lui dire papapapa elle me répond invariablement mamama..

En ce qui concerne l'attention elle a développé un grande écoute, elle est devenue une véritable éponge, dès qu'elle est dans un nouvel environnement elle observe tout ce qui se passe. Nous l'avons emmenée dans un restaurant et pendant tout le repas elle a observé les serveurs.

Deux mauvaises habitudes se sont développées, quand elle voit des adultes manger elle réclame du pain en disant 'ta', elle signifie bien sa demande puisque dans l'avion la voisine d'Hortense lui a dit : "Je crois qu'elle veut mon pain". D'autre part elle n'accepte plus qu'on la couche, elle devient capable de râler pendant de très longues minutes dressées sur son lit; au bout d'un certain temps elle s'écroule littéralement sur elle même et elle s'endors comme une pierre.

 

le grand frère violent et le cousin intrépide

Le comportement des autorités françaises à l'occasion du conflit en Irak a bien arrangé les diplomates canadiens; tout le ressentiment des américains envers les pays qui n'ont pas appuyé la guerre s'est cristallisé sur les français. Les canadiens n'ont eu de cesse de différer leur soutient aux américains, et c'est uniquement 3 jours avant je déclenchement du conflit qu'ils ont annoncé qu'ils ne suivaient pas le grand frère du Sud, à ce moment  c'est passé complètement inaperçu. Au final les deux pays ont adopté la même position; mais seuls les français qui ont défendu si crânement leur point de vue sont perçus comme des traites par les États Unis.

Dans la galerie ou Hortense possède son atelier, au plus fort du conflit, les vendeuses agaçaient les américains en refusant de leur parler en anglais; un jour Hortense arrive à l'atelier avec un repas de Mc Donald, et on lui fait remarquer qu'elle a acheté américain; ensuite on lui dit que les français ne sont pas très inspirés de montrer une hostilité directe à la super-puissance. 

C'est une constance dans les rapports entre les canadiens et les états unis, les américains ne cessent de rappeler à l'ordre le petit frère, de lui dire qu'il est trop gentil avec les immigrés, qu'il n'investi pas assez dans son armée, qu'il ne s'aligne pas assez sur ses positions... 

Les canadiens ne s'offusquent jamais de front à ces invectives, ils attendent que l'orage passe. Les américains imposent par exemple des droits de douane importants sur les importations de bois canadien, ces derniers essayent de les rappeler à l'ordre en utilisant des moyens légaux, le problème est en souffrance depuis 7 ans.

qu'est ce qu'une bloque ? néologismes et choix des auxiliaires

une blogue, et bien c'est tout simplement ce que vous en train de lire; et moi qui suis en train d'écrire ce que vous lisez je suis un blogueur; je viens de l'apprendre, depuis deux ans je blogue sans savoir que je blogue, comme Monsieur Jourdain fait de la prose*...

Comme Mr Jourdain fait de la prose et comme je blogue, les québécois font de nombreux néologismes. Non pas forcément qu'ils ne savent pas ce que signifie le mot "néologisme", mais qu'ils ont tendance à produire de nombreux néologismes sans prévenir. Le français ne va pas faire de néologisme, c'est un travers condamnable; s'il en fait un c'est à dessein, il s'en explique... 

Ici je suis surpris de l'usage massif de ses inventions... A la radio j'en ai entendu un complètement inutile, difficultivement (au lieu de 'avec difficulté' ou bien tout simplement 'difficilement'. Dans une conférence technique un présentateur nous annonce l'opportunité d'adopter un procédure "par étapes", ensuite il nous a servi 5 ou 6 fois les procédures "étapiques". Un autre néologisme qui est d'actualité est "défusion" , il s'agit d'un programme de scission de municipalités.  

Ceci illustre une fois de plus la différence d'attitude des français des deux côtés de l'Atlantique face à l'usage de la langue, l'Européen est attaché à la norme, au bon accord, au choix du mot adéquat.. Ici pas de chichis, la langue c'est pour transmettre un message, c'est tout. Dans ces conditions les entorses à la règle sont moins gênantes 

Dans le choix des auxiliaires des verbes, on entendons souvent "je suis déménagé" ou bien "je suis atterri", c'est aussi assez souple.

Mario, un de nos amis du Québec ayant passé 6 mois en France, était fatigué de se faire reprendre par les français à chaque fois qu'il ne prononçait pas le mot exact, en appelant France Télécom au moment de repartir au Québec il appelle en demandant "Je voudrait fermer ma ligne" , l'employée de l'autre côté de la ligne lui répond "on dit résilier Monsieur".

Politiciens

La saveur de la politique est vraiment particulière; vu de loin c'est pareil que partout ailleurs, des déclarations fracassantes, des assemblées qui ressemblent à des salles de classe... Mais on y voit des phénomènes qui sont vraiment inexistant de l'autre côté de l'océan.

La course à la chefferie: au Québec comme au Canada , les chefs de clan doivent jouer des coudes pour accéder à leur place. En France la succession des chefs de parti se déroule suivant procédés staliniens, à la suite desquels on prononce des plébiscites; ici on assiste à des courses à la chefferie au cours desquelles les responsables d'un même parti se livrent des guerres fraticides.

Pas d'ENA ici: en France tous les politiciens sortent du même moule, l'ENA, la haute administration.. Ici les profils sont très variés: des chefs d'entreprise, des avocats, des médecins entrent en politique; il y passent un certain nombre d'années et retournent à leur ancienne activité. On est ainsi capable de recycler les politiciens, alors qu'en France les perdants attendent parfois 10 ans la fin de leur disgrâce et reviennent avec une nouvelle tenue. Le système est plus ouvert et laisse la possibilité à des jeunes de se faire élire, Mario Dumont a fondé un parti politique alors qu'il n'avait que 27 ans.

La bombe S : il y a un sujet qui fâche vraiment ici, c'est la question de la possible souveraineté du Québec, c'est vraiment un sujet qui exacerbe les passions et que l'on ne peut pas aborder à la légère; le chef du  Parti Québécois a fait au début de la dernière campagne une déclaration comme quoi le sujet de la souveraineté serait un grand sujet de cette campagne; et il s'est ensuite bien gardé d'en parler.

Les promesses chiffrés:  les politiciens français sont plus poètes que comptables, ils vont faire de grandes déclarations de principe, soutenues par des envolées lyriques; ici cela a le mérite d'être plus clair: "on va attribuer un crédit de 56 milliards pour la santé".Les deux mois qui précèdent une élection, les organisation corporatives ( les artistes, les syndicats ...) organisent des colloques auxquels ils convient les candidats aux élections pour qu'ils s'engagent à faire des promesses chiffrées en public, souvent les partis, sentant le piège, n'envoient pas leur représentants.

Le vote des autres: la France est un pays ou l'on ne parle pas trop du vote des communautés, ici il est au moins à peu  près sur qu'aucun non-francophone ne votera pour le parti québécois, comme dit Carole, notre femme de ménage "Anything is better than the PQ".

Le gouvernement virtuel: c'est un contre-gouvernement sans ministère et sans fonctionnaires nommé par le principal parti d'opposition à la chambre.

* Note culturelle : c'est dans le 'Bourgeois Gentilhomme", une pièce de Molière que le héros, Mr Jourdain découvre la signification du mot "prose" et s'émerveille de découvrir que depuis qu'il parle il le fait en prose.